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Helmut, son histoire

 

Mes origines ...

Je me prénomme Helmut, né en France, le 31 mars 1965, des industries "Reims Aviation".

Je reçois mon registre de contrôle, mon numéro de série, mon certificat d'exportation et je suis prêt à m'envoler le 14 mai 1965 à destination de l'aéroport de Stuttgart (EDDS), ma nouvelle résidence.

Je me réjouis de déguster les succulents Schnitzel régionaux. 

Dès ma naissance je reçois mon immatriculation D-EMMT que je porte encore fièrement sur l'arrière de mon fuselage et sous mon aile.

Je suis acheté par une société de taxi aérien allemand qui emploiera mes services.

A mon avis, je ne leur donnerai pas entière satisfaction car, un an après m'avoir accueilli dans leur famille, ils me vendront à un particulier le 27 mai 1966.

Bernd, mon nouveau propriétaire, me sort souvent découvrir les paysages allemands.

 

J'ai maintenant 11 ans, nous sommes le 24 mars 1976, et je totalise déjà 1.220 heures 48 de vol.

J'ai déjà 11 ans et oui, les années passent trop vite, mais je suis bien entretenu, l'examen de mon carnet d'entretien en témoigne.

Sans que je le sache encore, 1976 est aussi l'année de naissance de mon propriétaire actuel que je suis encore loin de connaître.

Je suis dans mes années de gloire, je suis beau, une belle dérive, un intérieur très tendance pour l'époque.

J'aborde avec fierté les nombreux aéroports que Bernd me fait visiter avec sa famille et ses amis.

Le 10 octobre 1979, je suis à nouveau vendu, Bernd ne veut plus de moi.

Vehling est mon nouveau propriétaire, mais il me sort peu et je m'ennuie.

Nous sommes le 6 mai 1983 et j'affiche 1.555 heures 49 et je suis à nouveau sur le marché de la vente d'avions.

Je déprime, je me demande pourquoi changer de parents aussi souvent.

Me voici maintenant confié aux mains de Paul, j'ai 18 ans et 1.555 heures 49 de vol et là, je sors encore de moins en moins, soit 30 heures par an en moyenne.

 

Je suis maintenant à l'aéroport de Monchengladbach où je dois subir une opération importante.

Nous sommes le 21 mars 1991, et mon nouveau papa, Ralph, décide de faire réviser mon moteur pour la première fois.

Je reste discret dans le coin, serre fort le train d'atterrissage lorsque le mécano s'approche de moi avec sa servante d'outils.

Sans délicatesse, il m'éventre, mais c'est pour mon bien, j'en suis convaincu.

Je suis maintenant basé à l'aéroport de Ganderkesee (EDWQ).

Mon hangar est un 5 étoiles, je suis bien au chaud, mais mon instructeur Helmut (d'où mon prénom actuel) me fait peur chaque fois qu'il saisit mes commandes.

Il est brutal avec moi, je me fais vieux, et aimerais profiter paisiblement d'une petite retraite.

Le 17 novembre 2007, je suis vendu à nouveau à Norbert, je totalise 2.491 heures 48 de vol au total, alors que je suis déjà maintenant âgé de 42 ans.

Je ne semble à nouveau pas lui donner satisfaction car le 23 octobre 2010, je suis à nouveau vendu, et j'ai 2.524 heures 20 de vol.

J'aurai donc volé 33 heures sur 3 ans.

 

La situation semble claire, je suis vieux, je ne plais plus, mes couleurs ne sont plus au goût du jour et je m'attends à être vendu pour la destruction et destiné aux laboratoires d'avions.

Tristement, j'arbore sur ma pale d'hélice une pancarte "For Sale"

Je pleure, mon bassin sous mon renifleur d'huile ne cesse de se remplir.

Un samedi, fin de journée, débarque un jeune pilote désireux d'acheter un avion. Il parle une langue que j'avais entendu lors de ma naissance.

Il se dirige dans le hangar, il semble gentil, mais ne me regarde pas.

J'ai bien compris que plus personne ne voulait de moi, la fin est proche, j'ai maintenant 45 ans et l'entrée à l'hospice s'impose.

J'aimerais lui faire entendre le bruit typique de mon 6 cylindres, mais il me regarde de loin, préférant mes collègues plus jeunes.

Je peux le comprendre.

Tristement mais discrètement, je continue à goutter du renifleur car je pensais enfin quitter ce hangar pour d'autres horizons.

Il quitte le hangar, en compagnie d'Helmut l'instructeur, mais il ne me salue pas.

De mon hangar, je l'aperçois dans la cafétaria occupé à examiner des documents, mais je suis loin d'imaginer ce qui allait arriver.

Le 22 octobre 2010, je vois le mécanicien de l'aéroport s'approcher près de moi, ça y est, mon instant est venu, je vais arrêter de voler.

Il s'approche de moi, les cylindres serrés, je m'efforce de ne pas pleurer, tente de lui faire un signe de l'hélice, mais il s'approche de moi, ma dérive tremble, ma gouverne de profondeur se baisse, je ne sais plus que faire.

Là, il m'avance dans le hangar, je sens la fin venir.

Il m'abandonne au plein milieu du hangar.

Le lendemain, j'aperçois au loin dans mon petit rétroviseur le jeune pilote qui était venu rendre visite à mes collègues quelques semaines auparavant.

Il est accompagné de 2 autres personnes, mais ne parlant pas français (mon pays d'adoption étant l'Allemagne), je ne comprends pas ce qui se passe.

Ils se dirigent vers moi, me trifouillent les manivelles, mais que me veulent-ils...

La porte du hangar s'ouvre et on me sort du hangar ...

On m'équipe de 3 casques ...

On me met de l'avgas ....

On tire ma jauge à l'huile ...

On vérifie mes gouvernes avec délicatesse ...

J'ai un sourire qui se dessine à l'hélice.

Christophe, mon nouveau propriétaire, tire sur mon bouton rouge, je sens un frémissement électrique dans mes fils ...

Que ça fait du bien...

Mais où vais-je ?  Certainement pas en Allemagne, ils ne parlent pas allemand.

J'examine la programmation de mon GPS et le code EBNM est encodé ...

Me voilà parti en Belgique, rejoindre l'aérodrome de Namur, où je fais aujourd'hui le plaisir de Christophe et de ses amis pilotes et non pilotes.

Je vole souvent, très souvent.

J'ai le sentiment d'avoir une nouvelle jeunesse, je voyage, je découvre la France que j'ai quittée bébé...

Si vous me croisez dans les airs, j'arbore maintenant fièrement le logo "Dor Airlines",  vous ne pourrez pas ne pas me reconnaitre.

 

Le vendredi 5 juin 2015, malgré une météo très orageuse, je m'envole pour la poursuite de ma rénovation à Wevelgem - Courtrai (EBKT) chez mon médecin traitant.

Sont à l'ordre du jour la rénovation de mon intérieur (sièges, panneaux de portes, ...) ainsi que l'installation d'un chrono sophistiqué de type  ASC-5A.

Mon lifting terminé et mes cicatrices refermées, je m'envolerai vers mes terres d'origine pour un nouveau baptême et entamer ma deuxième jeunesse.

J’ai encore plein de beaux jours devant moi.

 

Je viens de fêter mon cinquantième anniversaire et Christophe souhaite m'offrir un nouveau look plus actuel, plus 'in' pour cette occasion.

Dorénavant, j’affiche fièrement, sous mon statique, mon prénom.

Je reçois également deux nouveaux drapeaux sur ma dérive.

Le 28 mai 2015, je m'envole en direction du bloc opératoire de chez ASP Avionics à Genk - Zwartberg - EBKT.

J'ai horreur de ces moments douloureux où mes câbles électriques sont coupés, soudés, torturés.

Une nouvelle radio (Garmin GNC255A) et un nouveau GPS sont installés (Garmin Aera 695), ainsi qu'un CDI Garmin (GI 106 A).

Mon ADF disparaît car mon antenne semble un peu perturbée.

La raison principale n’est pas tellement mon antenne défaillante, mais le côté vétuste de cet instrument dans mon équipement rénové.

 

 

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